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Photo du rédacteurL'abeille lunaire

Àma Gloria

de Marie Amachoukeli


D'une beauté époustouflante par sa simplicité.


Ce film suit une petite fille, de cinq ou six ans, nommée Cléo. Depuis la mort de sa mère, c'est principalement Gloria qui s'occupe d'elle, son père étant souvent absent. Alors, lorsque Gloria, à la mort de sa propre mère et à l'approche de la naissance de son premier petit-enfant, doit rentrer chez elle, Cléo exprime une profonde tristesse à laquelle son père ne trouve qu'une seule solution : la faire aller chez Gloria pour l'été.


Leur dernier été.


C'est un film sur l'amour et sur le sentiment d'abandon.


Cléo aime Gloria, Gloria aime Cléo. Mais Gloria doit quitter Cléo.


Ce film associe le dessin animé et le film intime : les scènes dessinées semblent être les souvenirs, les rêves ou les fortes émotions, tout ce qui ne peut pas se limiter à des mots ou tout ce qui est plus vrai en dehors des images « réelles ». Ces scènes sont le grain de sel sur ce film chocolat.

L'écran étant d'un format presque carré et les plans souvent rapprochés, il nous semble que l'on visionne les films de nos propres vacances, de notre propre enfance... Film doux et intime, oui. Terrifiant aussi. L'actrice de Cléo est, selon moi, excellente dans son rôle malgré son jeune âge. Je suis contente de voir une enfant qui n'est pas prisonnière des écrans, mais aussi une petite fille qui n'est pas forcément habillée en rose et constammant à jouer aux poupées. Elle interprète très bien l'enfant aimante, joyeuse, calme, mais aussi inquiète, triste, colérique, perdue. Car que fait une enfant d'un si jeune âge lorsque l'être qu'elle aime le plus au monde semble lui être enlevé par une autre famille ?

Nous sommes piégés dans des plans rapprochés, dans la vision d'une enfant triste, qui se sent parfois seule, ne comprenant sûrement pas toutes les raisons du départ de sa Gloria. C'est l'âge égoïste. Mais nous sommes aussi piégés dans ces étreintes, ces rires et ces regards tendres qui, nous le savons, sont voués à cesser.


Ce film ne raconte rien d'autre. Une vie de famille, une enfant heureuse et triste, passionnément, des vies que l'on pourrait qualifier de « normales ». Pourtant on accroche. On espère. On aime. On se souvient et on s'émeut en entendant Cléo rire ou pleurer à gorge déployée.


La beauté est partout.

Dans les détails que seule l'enfant voit ou ceux dont elle se souvient ; dans ce plan merveilleux où les personnages quittent le cadre, la caméra ne bouge pas et demeure sur la mer agitée ; dans les baisers, les caresses, les chatouilles ou les silences entre Cléo et Gloria ; dans les peaux de toutes les couleurs, les vêtements, les bijoux ; dans la danse de l'enfant avec son papa ; dans les larmes, les cris, les regards rancuniers ; dans les scènes animées, sans mots, juste des sons, des chansons, des images floues...

J'aime ces films réalistes, comme L'île rouge ou Un monde, tous deux également centrés sur un enfant et dont j'ai déjà fait la critique. J'aime ces amours d'enfants, les plus forts sûrement. J'aime l'honnêteté qui est omniprésente dans ce film, et donc son côté tragique. Par dessus tout, je crois, j'aime cette phrase : « Il faut se quitter, se quitter et être heureuses ».


C'est un film simple qui raconte beaucoup, mais ce qu'il raconte je n'ai pas à l'écrire plus que nécessaire. C'est un film qu'il faut voir, posément, honnêtement nous aussi, qu'il faut voir avec notre enfant intérieur, un film devant lequel il faut pleurer, un peu comme un enfant. Un enfant qui ne veut pas être seul ou qui se sent aimé, ou les deux. Pleurer d'amour et de tristesse. Pleurer comme un enfant : vraiment, honnêtement...



Signé : une abeille lunaire





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