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Photo du rédacteurL'abeille lunaire

Universel : mythe ou réalité ?

Qu'est ce qui fait l'unanimité ?

Qu'est ce qui est valable pour tout, tout le monde, tout le temps ?

Y'a t il des vérités universelles ?

Si comme le dit Nietzsche, la vérité n'est qu'une convention sociale, alors la réponse est non. Mais si la vérité ne résulte pas d'un compromis pour faire société, alors peut être. Les mathématiques, par exemple, sont universelles d'une certaine manière. La pomme qui tombe de l'arbre est dûe à la même force, à la même loi, en Chine ou en Belgique. Bravo aux mathématiques, mais désolée, car quand on cherche ce qu'est l'universel, on cherche une essence commune à chaque être, une vérité vraie les réunissant (souvent on s'intéresse surtout à l'espèce humaine) . Donc on ne cherche pas vraiment à savoir si les lois scientifiques sont ce liant ou non... Qui se satisferait de savoir que les lois mathématiques sont universelles lorsqu'il pose la question "y'a t il un universel? " ? En vérité, lorsqu'on cherche la vérité sur notre nature, on omet bien facilement la vérité des sciences mathématiques qui ne renvoient à aucune réalité tangible. (Voyez-vous des chiffres et des figures géométriques parfaites dans la nature?)


Donc la question est encore là : pour ce qui est intéressant, y'a t il de l'universel ? Ou, plus gentiment, y'a t il quelque chose de commun à tout, autre chose que des lois frigides, sans passions ni couleurs, ni créativité ?

L'homme a besoin de poésie. (Du moins certains hommes)


Et l'homme a besoin d'être rassuré, animal social il ne veut pas être seul, l'animal rationnel lui a dit avec le sourire "non tu n'es pas seul, regarde cet homme, regarde comme vous vous ressemblez, vous êtes tous les mêmes"

Ça me semble horrible en l'écrivant, mais ça se voulait rassurant. "Vous êtes tous les mêmes"

Horrible, parce qu'ainsi naît l'idée "d'universalité", soit ce qui s'applique à tout, ce qui est valable pour tout et qui ne change pas, vrai dans tous les contextes... S'applique à l'humanité toute entière.


L'humanité toute entière.


Nous sommes-nous rendu compte qu'en lissant, qu'en unissant, on a exclu directement ? Qu'en lissant l'être, l'expérience, on a créé l'absurde ? Soit la contradiction entre deux entités contradictoires, selon Camus... Et est contradictoire l'universel et l'individu. Et ça nous tue.

Pourquoi lisser l'existence lorsque son intérêt même réside dans son imprévisibilité et son apparence cabossée?

Non seulement on exclut ceux qui ne rentrent pas dans le critères de l'universel, mais en plus on rend "normal" d'être ainsi, on crée donc une pression chez l'individu qui n'est pas naturellement ce qu'on considère normal, humain, universel.




En y réfléchissant, qu'est ce qui justifie le fait d'unir les humains? Quels sont leurs points communs ?



Humain : qui possède les caractéristiques spécifiques de l'homme. Quelles sont elles ?

Le corps humain? Et ne sommes nous pas humain si l'on n'a pas deux bras ? Si l'on n'a pas la même forme de crâne ? Les hommes préhistoriques étaient déjà des humains... Pourtant ils n'étaient pas moulés pareillement à nous. Le mutilé de guerre, bien heureusement, est encore humain. Tout comme les personnes mal formées de naissance. Mais rien que le terme "mal formées" indique bien qu'il y a un corps "normé", attendu, exigé, de naissance !


Humain : qui est propre à l'homme.

Cherchons.

L'on a souvent dit que l'homme était un animal doté de pensées, ou de raison. Bien. Celui qui raisonne mal ou différemment de moi n'est il pas humain? L'animal, comment puis je savoir qu'il ne pense pas, étant donné que son esprit m'est fermé ?

Dur de raisonner ainsi.

Est ce que la conscience de bien et de mal détermine l'homme ? Personne n'a les mêmes définitions de "bien" et de "mal" malheureusement. De plus ces Idées ne sont pas du tout naturelles, mais convenues pour la vie en communauté.

L'empathie ? La sociabilité ? Mais voyez ces tueurs en série qui ne ressentent pas la moindre sensibilité dans le fait de torturer d'autres êtres, qui en tirent même de la satisfaction. Ils sont jugés inhumains, mais ne sont ils pourtant pas des êtres humains ?

La cruauté n'est elle pas naturelle chez l'humain, et donc à comprendre dans sa définition?


Empathie, rationalité, sociabilité, cruauté, tout cela fait un être humain. Et plus encore. Mais meme une seule de ces caractéristiques, ou même toutes réunies, ou peut être même aucune, ça ferait un homme. Entrent dans les mêmes questionnements la créativité, l'imagination, l'ambition, la peur, le doute, la gourmandise, l'avarice, la paresse... Aussi.

Et si toutes, une seule ou aucune, en soit, ferait homme, c'est qu'il y a une question d'impression, de ressenti, de connexion, à prendre en compte.


"Critère universel" ça n'existe pas, on ne trouve pas.


Dire que l'homme c'est une chose, ou une liste limitée de choses, c'est le réduire à être d'une certaine manière, c'est l'enfermer, c'est le façonner, non l'accueillir. C'est également exclure celui qui sera différemment. Dire qu'il y a des caractéristiques universelles a été un moyen de se positionner comme étant supérieurs à d'autres hommes, à d'autres êtres. Déclarer universelle la notion d'être humain a été un choix politique, et a répondu à l'impression de proximité que l'on a avec d'autres êtres. L'universel se logerait donc dans cette connexion avec l'autre ? Mais alors on devrait inclure bien plus que l'espèce humaine, car certains peuvent se sentir plus proches de la Nature que de l'homme. Donc là encore, pour rester concentrés sur l'humain, l'universel est soit insensé soit insaisissable. Il n'y a rien qu'on prétende exclusif à l'homme dont il ait réellement le monopole.

L'homme comme notion d'Universel ne renvoie à rien.


L'universel, seul, peut être.


Après notre réflexion, qu'est ce qui est universel?

Qu'est ce qui apparaît ? Il apparaît que nous sommes tous différents, tous. Tous uniques. Tous uniques, c'est presque un oxymore. Car de ce fait, ce qui est universel, ce qui est commun à tous les humains, ce qui fait l'espèce humaine, et peut être même tous les êtres vivants, est cette diversité de chaque être.


Comme dirait Montaigne, l'homme n'existe pas, seuls les hommes existent.

La seule certitude c'est la diversité, la différence. Différence que l'homme craint tant. Mais ça c'est une autre réflexion...






Signé : une abeille lunaire.














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