top of page
Photo du rédacteurL'abeille lunaire

Introduction (tardive) à ce blog

Dernière mise à jour : 23 nov. 2021

[Introduction spontanée et colérique de mes engagements personnels]

[sommaire maladroit de mes volontés d'écriture]



Peut-être était-il temps de présenter le concept.

De donner une essence à ce blog qui va accueillir tellement d'idées et de cris.


Et quelle est cette essence ? Quel est le but d'un endroit public où je puis parler, m'exprimer et analyser tout ce qui m'entoure ? Ooh, j'en vois bien un en particulier.

Je suis en colère.

Je suis en colère, chaque jour, à chaque minute, je suis en colère. Aujourd'hui plus encore, mais nous ne reviendrons pas là-dessus, pas encore. J'ai reconstruit mon être de résilience, d'objectivité, de présence, et aujourd'hui je me rends compte qu'il y avait, entre cela, une colère que je ne m'avouais pas. Je veux paraître forte, je veux paraître impassible, inatteignable avec la sagesse que m'a appris la souffrance. Je veux paraître supérieure par mon expérience de la violence. Je veux penser que j'ai la capacité d'avoir toutes les réponses. Mais quelle est la vérité ?

Nous grandissons dans un monde dangereux, pollué, injuste, élitiste, individualiste et tellement individualiste qu'il en vient à effacer l'individu. Nous grandissons dans un monde où quand on sait que les choses vont mal notre position de simple humain nous rend incapable de communiquer quoique ce soit d'utile à nos tiers. Nous grandissons avec la vision du malheur, du désordre et de la guerre sans pouvoir rien n'y faire. Et cette impuissance me met en colère.


Je suis en colère de voir des filles s'affamer pour plaire.

Je suis en colère de cette confiance avec laquelle naissent les hommes et qui les rend capable des pires atrocités.

Je suis en colère face à cette société capricieuse, ennuyée et profondément commère qui nous pousse à ne plus être l'être que nous sommes.

Je suis en colère face à cette richesse improbable requise pour vivre convenablement.

Je suis en colère face à cette hiérarchie des corps qui pousse à la faim, qui pousse au camouflage, qui pousse à l'effacement, qui pousse à la mort.

Je suis en colère face à ce manque de considération pour les humains évidemment nés sans richesse.

Je suis en colère de constater la cruauté de l'humain envers son égal, de constater notre incapacité à apprendre, à avancer et à dépasser nos drames.

Je suis en colère face à ce masque altruiste, heureux et sociable qui étouffe les visages.

Je suis en colère face à cette culpabilité qui hante les esprits sur leur sort misérable.

Je suis en colère face à ce sublimement de la souffrance qui devient notre seule capacité.

Je suis en colère face au déni de l'humanité entière sur le sort de sa Terre mère.

Je suis en colère contre ces nombres qui veulent nous définir et auxquels nous devenons tant attachés.

Je suis en colère vis à vis de l'oubli dont nous sommes inondés, l'oubli de la simplicité, l'oubli de soi, l'oubli de l'autre.

Je suis en colère en voyant le monde politique s'éloigner de notre compréhension alors qu'il est censé nous représenter, nous venir en aide et nous accompagner.

Je suis en colère face au résultat de la Modernité, face au résultat de nos espoirs quant au progrès, car finalement nous voilà en proie au doute, en permanence, à la désolation, à l'isolement, à l'égocentrisme requis pour notre survis tandis que d'autres milliards d'individus meurent dehors.

Je suis en colère face à la cristallisation de l'amour, perdant son aspect de quête permanente, du charme de sa nécessité essentielle, de l'innocence de sa naissance.

Je suis en colère contre nous, contre notre faiblesse à rester immobiles, silencieux, victimes ; en colère contre ceux qui souffrent sans se battre ; en colère contre ceux qui voient sans relever ; en colère contre ceux qui meurent, de l'intérieur, et qui pensent que la vie doit être ainsi ; en colère contre une résignation face à un malheur artificiel ou temporaire.

Je crois que je suis en colère.

Contre moi, contre lui, contre elle, contre nous tous, en réalité, contre le monde entier. Contre ce qu'on en a fait et ce qu'on continue de faire, ou de ne pas faire. Et cette colère peut être bien silencieuse, bien discrète, et peut-être ne s'exprime-t-elle que de l'envie d'écrire, dernièrement. L'envie d'écrire avec ampleur, l'envie d'écrire sur tout, l'envie de relever chaque détail de cette société difforme, de cette humanité malade. L'envie d'hurler sans bruit. L'envie d'exploser de mots. L'envie de créer à partir de ce débordement de sentiments qui étouffe l'humaine que je suis. Le besoin d'expulser ce qui me ronge, mais l'envie ardente d'avancer et de créer le maximum de mouvement sur mon passage.


Je suis en colère, je suis fascinée, je suis curieuse et contemplative, mais être témoin quotidien du monde me ramène chaque jour à cette colère. Fera-t-elle bouger les choses ? Créera-t-elle des déclics ? Réveillera-t-elle des esprits ? J'aimerais, je m'y emploie. Informer, raisonner, rassurer, dénoncer, interroger.

Je veux vous rendre en colère.

Soyez en colère.

Face à ce que dénonce l'art, face à ce que la société nous susurre de faire ou d'oublier, face à nos comportements de masochistes, face à notre immobilité... Soyez insatisfaits de rester là où vous êtes, mais soyez satisfaits d'être déjà là où vous êtes.


Soyez.

Soyons.

Et avançons.


Cordialement, une abeille lunaire quelque peu en colère.


2 Kommentare


phiso
phiso
15. Nov. 2023

La colère est nécessaire. Elle est une réponse face au désespoir dont nous sommes quotidiennement témoin.


Mais pour changer quelque chose, il faut transformer cette colère, la faire durer pour le rendre efficace. La réfléchir pour la focaliser sur ce qui nous détruits à la base plutôt que ses conséquences. L'accumuler pour prendre sa revanche sur le monde. Transformons-la en Rage. Rage de vaincre, rage destructrice et créatrice, rage vengeresse. La rage comme constante manière d'aborder le monde, comme adaptation face à l'injustice, comme façon de vivre contre ce et ceux qui nous font du tort.


Moi, je suis enragé·e. Et vous, avez-vous la rage?

Gefällt mir
AbeilleLunaire
16. Nov. 2023
Antwort an

Je crois que je le suis. Ma rage n'est sûrement pas la même que la vôtre, mais elle est, assurément.

Gefällt mir
Post: Blog2 Post
bottom of page